Jour 3
Troisième jour de trek, le soleil brille, on est motivé et nous n’avons même pas le temps de digérer notre bouillie d’avoine qu’une succession de 3 cotes vient nous achever. Puis, nous soufflons durant les 2 heures qui suivent où nous traversons la vallée basse avec ses paysages de pampa. Nous nous offrons la meilleure terrasse du coin pour notre pause déjeuner saucisson-crackers. On ne s’attarde pas trop pour ne pas perdre le rythme et parce que les trekkers revenant des Torres nous assurent que nous n’avons plus grand-chose á parcourir. Les Torres c’est un peu le point d’orgue du W (même si, pour nous, le point d’orgue restera la journée de la veille) : des tours de roches calcaires abritant un glacier dont la fonte forme une petite lagune en contrebas. Effectivement, le chemin restant n’est pas long mais les dernières cotes et les dernières descentes qui signifient de nouvelles cotes, semblent interminables d’autant que l’on commence á apercevoir le prochain campement. Deux options s’offrent á nous : pousser jusqu’au 2eme campement qui est plus haut, qui est gratuit et qui permet de gagner une précieuse heure de sommeil pour admirer le lever du soleil sur les Torres, ou dormir au 1er campement qui est payant, offre une douche tout juste tiédasse et sans lumière (ce qui a l’avantage de « voiler » ce dans quoi on patauge) et sent le crottin de cheval … ce sera donc le 1er ! Marine, Jules et Aymeric pousseront jusqu’au second.
Jour 4
Rappelez-vous maintenant que nous avons fait allusion á une réunion d’information á laquelle nous n’avons pas assisté, et dont les hollandais ont pris soin de nous retranscrire les points les plus importants, grâce á Dieu ! Il s’avèrera que Marine aussi a assisté á cette réunion et qu’elle a ainsi pu nous transmettre la seule information qui nous intéressait réellement soit, l’heure du lever du soleil ! C’est donc á 2 heure du matin et fraiches comme des gardons, Coline ayant souhaité prévoir une marge de 30 minutes dans le cas où elle aurait des difficultés dans la marche, que nous nous levons. Nous traversons un campement endormi et commençons á marcher á 02h30 du matin. Coline est la seule á avoir une lampe frontale et on se dit qu’une deuxième n’aurait pas été de trop au vu des petites passerelles surplombant des rivières que nous avons á traverser, ce, jusqu’á temps que nous changions les piles de la lampe ! Nous bénéficions aussi de la lumière de la lune qui est presque pleine. Finalement, bien que nous ayons des difficultés á repérer les balises sur la dernière partie du chemin car celui-ci décrit des circonvolutions au milieu des éboulis de pierres, il nous est plus aisé de marcher dans le noir, sans doute parce que nous n’avons pas conscience des distances. A plusieurs reprises, nous regardons en arrière sans entrevoir le moindre signe de la présence d’autres randonneurs telle que faisceau lumineux… On ne se méfie pas. Nous arrivons enfin au pied de la lagune á 04h30 du matin et dans une nuit noire… A 05h du matin, nous concluons que le lever du soleil ne doit pas être á 05h du matin, et á 05h15, que nous devons être les seules á ne pas avoir eu de contre-information. Et alors que nous mettons en place nos meilleures techniques de survie, soit se coller l’une á l’autre, pour tenter de faire une petite sieste sur notre rocher et par 5 ou 6 degrés, nous nous interrogeons sur la possibilité que l’animateur de la réunion d’information ne soit pas passé á l’heure d’hiver, ou encore, sur la possibilité d’une incompréhension linguistique dont aurait été victime Marine… A 06h30, nous commençons á voir poindre les premiers rayons de lumière et, non pas parce que nous sommes á la recherche du meilleur spot pour le spectacle qui va s’ensuivre, mais bien parce que nous sommes á la recherche de tous rayons UV susceptibles de nous réchauffer, nous escaladons les rochers au fur et á mesure. Au cours du premier quart d’heure et alors que les tours ne se départissent pas de leurs couleurs bleuâtres, on se dit qu’on aurait aussi bien pu venir les voir l’après-midi. Et á 07h, ça se décante. Les tours prennent des teintes orangées qui virent petit á petit au jaune. On sait désormais pourquoi on a attendu et le soleil, en plus de nous réchauffer les oreilles, officie également sur le glacier dont nous verrons un large bloc s’effondrer dans la lagune et provoquer un mini raz de marée. Nous retrouvons finalement Marine, Jules et Aymeric, frais comme des gardons pour le coup, et une Marine qui mettra un certain temps avant de se remémorer l’origine de la désinformation dont nous avons été victimes. Il y en aura au moins une qui aura eu la présence d’esprit de se renseigner á la source, c’est-á-dire, auprès des randonneurs croisés.
Pour la dernière des dernières descentes, et non des moindres puisqu’elle représente le dénivelé le plus important de tout le trek, on est donc très contente de le faire dans ce sens, on ne s’accorde aucune pause et on descend tout au pas de charge.
Une fois assis dans l’herbe autour d’un postiche de chorizo amoureusement conservé par Jules et Aymeric (c’est un peu l’équivalent du Snickers de la victoire) et en attendant la navette qui nous ramènera jusqu’á l’entrée du parc, on se dit que, non seulement on vient de réaliser un des plus beaux treks de notre voyage mais, qu’en plus, on a bien mérité un steak saignant !